Coordonnatrice de projet en employabilité dans un organisme d’appui aux immigrants, Kenza Lahjouji, dans la cinquantaine, revoit chaque semaine ce parcours que plusieurs font de commencer une nouvelle vie au Canada avec leur famille.
Quand elle-même a quitté le Maroc pour venir s’établir à Montréal, elle et son mari ont dû temporairement ralentir leur train de vie. C’était il y a 15 ans. Ils laissaient derrière eux des carrières enviables; tous les deux directeurs de société, une propriété dans l’un des meilleurs quartiers de Casablanca, une voiture… pour emménager dans un petit logement de Montréal avec leurs deux enfants.
« Plusieurs quittent une bonne situation dans leur pays d’origine, explique-t-elle. Ils arrivent avec des économies, mais ils s’aperçoivent rapidement que cela ne suffit pas. » C’est qu’une fois leur devise convertie, ils sont moins riches que dans leur pays d’origine. Un emploi sur place, et le salaire qui va avec, permettront de retrouver leur niveau de vie.
Alors, comment s’adapter à sa nouvelle vie sans laisser la question du taux de change faire obstacle?
Une vie plus chère, mais un plus grand pouvoir d’achat
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« Tout est plus cher ici », prévient Kenza Lahjouji. Cette perception est normale, quand on vient d’Algérie, de Tunisie ou du Maroc. Selon le site participatif de traitement de données Numbeo, les pays du Maghreb se classent parmi les endroits où le coût de la vie est le plus bas au monde: l’Algérie est 8e, la Tunisie 11e et le Maroc 24e.
Inversement, le Canada figure en 30e position des pays les plus « chers ».
Alors, nécessairement, quand on arrive au Canada, le prix des services et des denrées peut donner le vertige. Toujours selon Numbeo, louer un appartement à Montréal coûtera de 60 à 200% plus cher, selon que l’on vienne de Casablanca, d’Alger ou de Tunis.
Si on emménage à Montréal, on devra minimalement augmenter son budget pour l’épicerie de 100%, et ce, peu importe d’où l’on vient du Maghreb.
Quand on se penche sur les produits frais, la marche à monter est encore plus haute: le riz, les oranges, les tomates et la miche de pain du marché peuvent coûter de 5 à 10 fois plus cher au Canada.
Compte tenu de ces différences quant au coût de la vie, il est important de prévoir un « coussin » avant son arrivée au Canada.
Afin d’avoir facilement accès à ses fonds et de se faciliter la vie une fois au pays, il est également judicieux de procéder le plus tôt possible à l’ouverture d’un compte bancaire canadien.
On gagne mieux sa vie au Canada
La vie au Canada est plus chère, certes, mais elle vient avec de meilleurs salaires, et donc un plus grand pouvoir d’achat.
Selon Numbeo, le pouvoir d’achat est beaucoup plus élevé dans les villes nord-américaines que dans les pays du Maghreb. Quand on compare le pouvoir d’achat « local » entre Montréal et Tunis, on se rend compte qu’il est 227% plus élevé dans la ville canadienne.
Ainsi, les travailleurs d’ici perçoivent de meilleurs salaires qui leur permettent de se payer des biens et des services plus chers.
Les statistiques sont éloquentes à cet égard: le salaire mensuel moyen disponible au Canada est de 2 965 $ canadiens, alors que le salaire moyen mensuel en Algérie est de 34 725 dinars algériens (408 $ CAN), de 3 786 dirhams au Maroc (498 $ CAN) et de 629 dinars tunisiens en Tunisie (397 $ CAN).
Pour prendre un exemple concret, un ingénieur logiciel marocain peut s’attendre à gagner annuellement 140 400 dirhams dans son pays, alors qu’il pourrait gagner 68 703 $ au Canada (selon PayScale), ce qui représente 509 544 dirhams!
Les résultats de l’Enquête sur la population active d’Immigration, Diversité et Inclusion Québec montrent également que plus on est au pays depuis longtemps, plus on touche un salaire hebdomadaire élevé, soit de 674,50 $ pour une personne ayant cinq années de résidence ou moins, et de 792,80 $ pour une personne qui réside depuis plus de 10 ans.
Aussi, faire reconnaître un diplôme, ou reprendre des études peut permettre d’accéder à un poste plus « lucratif » et, ainsi, de bénéficier pleinement du pouvoir d’achat au Canada.
Il n’y pas que l’argent!
Malgré tout ce qu’on pourrait dire sur les différences entre les salaires ou les niveaux de vie d’un pays à l’autre, il demeure qu’on n’immigre pas seulement pour des raisons économiques. Plusieurs expatriés recherchent avant tout la sécurité et la liberté. Et un meilleur avenir pour leurs enfants. Ce fut le cas pour Kenza Lahjouji et son conjoint: « Nous voulions donner une meilleure éducation à nos enfants. Ils ont fait leurs études universitaires et trouvé du travail ici. C’est vraiment ce qui était important pour nous… »