Bonjour à tous et merci de vous joindre à nous pour une autre capsule
Perspective Immobilière
Aujourd'hui, je suis accompagné de Matthieu Arseneau, chef
économiste adjoint. Salut Matthieu.
Bonjour Simon.
Ainsi que d'Andrée Desrosiers. Allô Andrée.
Allô Simon.
Leader du financement résidentiel à la Banque. Notre sujet
aujourd'hui, l'importance de faire son budget pour éviter le choc
financier lors du renouvellement de votre hypothèque.
Mais avant, parlons du contexte macroéconomique qui influence, comme
vous vous en doutez bien, le marché immobilier.
Donc question pour toi Matthieu : on sait que la Banque du Canada a
récemment maintenu son taux directeur malgré une inflation qui est
quand même assez élevée. Considères-tu que c'est une bonne décision
dans les circonstances?
Simon, bien honnêtement, il y a quelques semaines, on était nerveux,
on en entendait parler. Certains croient même qu’il y aurait d'autres
hausses de taux. C'était la bonne décision de poser pour une 2e
rencontre à nos yeux, ceux qui ont écouté les capsules précédentes ont
bien vu qu'on était de même un peu inconfortables avec les dernières
hausses de taux qui sont survenues cet été étant donné l'évolution de l'économie.
Oui, l'inflation est un peu plus résiliente, mais par contre on voit
des signes de fragilisation dont on parlera. Mais juste pour mettre en
perspective ce qu'a accompli la Banque du Canada dans son processus de
resserrement de politique monétaire, ici, je vous présente le taux
directeur en termes réels, donc le taux directeur moins l'inflation de
base pour avoir une idée de l'impact en termes réels sur le coût des
fonds pour les emprunteurs.
Et quand on regarde ce graphique-là, on voit bien que la politique
monétaire de la Banque du Canada, donc au Canada, est la plus
restrictive de l'ensemble des pays du G7. Faut garder ça en tête. Non
seulement ça, il y a un impact avec un certain délai sur l'économie
des hausses de taux d'intérêt.
Donc comme on peut le voir sur le graphique et en fait quand on
regarde quand la banque du Canada, quand on regarde les estimés de la
Banque du Canada, ça prend environ 8 trimestres pour avoir le plein
impact d'une hausse de taux sur la consommation des ménages, ce qui
signifie que même la première hausse de taux qui est survenue en début
de 2022, on n'a pas encore eu le plein impact, selon cet estimé.
Là on a fait le calcul étant donné les délais depuis ce temps-là. À
ce moment-ci, la consommation n'a connu que l'impact de 57 % des
hausses de taux qui sont déjà survenues, donc même en ne montant pas
les taux, il y a encore l'impact des hausses de taux qui ont déjà été
réalisés. En fait, il reste 43 % de cet impact-là à recevoir sur le
consommateur qui montre déjà des signes de faiblesse à ce moment-ci.
Donc beaucoup d'effets encore à ressentir. Tu viens de le
mentionner, l'économie, on la sent fragilisée. On a vu récemment hein
au 3e trimestre, stagnation du PIB. Comment s'annoncent les prochains mois?
Pour vrai, quand on regarde ça à première vue, on se dit bon, une
stagnation c'est pas si mal. C'est peut-être un peu ce que la banque
du Canada veut voir. Elle voulait calmer l'économie domestique, calmer
les pressions. Pour moi, il y a un peu de l'illusion dans les données
qu'on voit à ce moment-ci où étant donné le boom démographique qu'on
connaît au pays, habituellement ça amène des croissances économiques
beaucoup plus fortes, donc d'avoir juste une stagnation dans un tel
contexte, c'est un peu préoccupant. Puis ça montre que le resserrement
de la politique monétaire ralentit l'économie, puis impacte
individuellement les Canadiens.
C'est pour ça que je vous montre le PIB réel par habitant, pour
voir, pour ajuster, pour ce facteur-là à ce moment-ci. Ben on voit que
depuis 5 trimestres c'est en tendance baissière au niveau du PIB réel
par habitant, donc depuis les hausses de taux.
Puis la baisse qu'on voit sur un an, de 2,4 %, on a vu ça uniquement
en récession sur une base historique, donc l'affaiblissement de
l'économie canadienne, on le voit déjà.
Il va se poursuivre à la lumière de ce que je vous ai mentionné,
d'autant plus quand on regarde les indicateurs de confiance, c'est pas
de bonne augure pour les prochains mois.
Le consommateur qui a clairement le moral dans les talons avec un
niveau de confiance qu'on n'a pas vu à l'exception des 2 dernières
récessions, évidemment avec l'inflation qui frappe, le choc de
paiement dont parlera Andrée, ç'a affecté le moral des consommateurs.
Et les petites et moyennes entreprises ont également un niveau de
confiance très bas sur une base historique, ce qui augure pas très
bien pour le marché du travail pour les prochains mois non plus. On ne
peut pas s'attendre à une pluie d'embauches dans un contexte comme
celui-là. Donc oui, des défis pour l'économie canadienne dans les mois
à venir.
Puis, malgré ces défis-là, au niveau de l'économie, on voit quand
même une pénurie du logement. Que dit votre dernier rapport là-dessus?
Au niveau de l’abordabilité, c'est assez effectivement atypique la
situation au niveau de la démographie, au niveau de l'augmentation de
l'immigration. Je vous parle de certaines faiblesses quand on regarde
le PIB par habitant, mais il y a quand même eu une recrudescence
d'activité étant donné ce boom démographique là regain des prix des
maisons aussi au 3e trimestre, ça se reflète sur l'indice
d'abordabilité, le paiement hypothécaire en pourcentage du revenu
médian pour acquérir une propriété représentative au Canada.
Dans le fond, l’abordabilité s’est détériorée. D'autant plus que,
pas juste la hausse des prix des maisons, le taux hypothécaires 5 ans
qui a lui aussi augmenté au cours des derniers mois, on se retrouve
avec un taux hypothécaire qu'on n'a pas vu depuis les 20 dernières
années. On est revenu à peu près à l'abordabilité qu'on voyait en 2022.
Dans un tel contexte, on le voit déjà, les ventes de maisons se sont
remises à baisser étant donné les problèmes d'abordabilité. D'autres
ménages essaient de se tourner sur le marché locatif et de ce côté-là,
ce n'est pas plus jojo. On voit l'évolution des prix des loyers qui
augmentent au-delà de 7 % année sur année à ce moment-ci. C'est tout
un contraste de voir la situation actuelle qui est très atypique de
voir dans le fond des prix des loyers augmenter bien au-dessus de
l'inflation qui est encore élevée : 300 points de base au-dessus, on
n'a pas vu ça dans les 50 dernières années, voir les loyers augmenter
beaucoup plus vite que l'inflation comme on le voit actuellement, donc
on voit des défis là avec la pénurie de logements actuels.
Matthieu, merci beaucoup pour cette mise en contexte. Abordons
maintenant, si vous voulez bien, notre sujet principal, soit la
préparation du budget pour faciliter financièrement son renouvellement
hypothécaire. Salut Andrée.
Salut Simon.
Compte tenu du contexte économique justement qui prévaut
présentement, puis qui risque potentiellement de perdurer en 2024, à
quoi peuvent s'attendre justement les propriétaires au moment du
renouvellement de leur hypothèque?
Très bonne question Simon, tu vois, en fait les propriétaires qui
auront à renouveler leur hypothèque en 2024, voire même 2025, il
risque de subir une hausse vraiment très importante de leur versement.
Je te donne un exemple ici. Mettons que tu vas renouveler ton
hypothèque, ton solde hypothécaire au moment de ton renouvellement est
de 250 000, ta période d'amortissement restante est de 20 ans et ton
taux d'intérêt actuellement c'est ton hypothèque est de 3 %.
Si tu renouvelles à un taux de 5 % tes versements sur une base
annuelle vont augmenter de plus de 3 000 $, ce qui équivaut environ à
un petit peu plus que 250 $ par mois. Si tu renouvelles à du 6 %, ben
là ces versements-là sur une base annuelle vont être au-dessus de 4
750 $, ce qui correspond à environ un petit peu moins que 400 $ par
mois donc comme tu peux le constater c'est une augmentation vraiment
significative des versements.
Puis là je t'avouerai que j'ai été quand même assez conservatrice,
parce que là je parle d'un taux actuel à 3 % mais on sait fort bien
qu'il y a des gens qui ont des hypothèques actuellement à 2 voire même
en bas du 2 %. Et quand je parle d'un renouvellement à 5 %, faut
pratiquement oublier ça c'est du 6 % puis c'est du 6,5 % donc vraiment
c'est une hausse importante qui attend les gens. Ça va être un choc important.
Donc ça, ça s'ajoute à ce que l'inflation aussi nous a amené comme
augmentation ailleurs dans nos dépenses personnelles, c'est ne
serait-ce que de penser à l'épicerie ou à la nourriture.
Écoute, compte tenu de cette situation-là, Andrée, qu'est-ce que tu
recommandes à nos propriétaires pour se prémunir justement de ces hausses-là?
Ben en fait Simon, tu sais là, peu importe dans quelle réalité on se
trouve, là il faut revenir à la base, et à la base, un outil qui nous
permet vraiment de garder le cap, c'est le budget.
Dans le fond, c'est ce qui nous permet de garder le contrôle de nos
finances, puis de conserver une bonne santé financière. En fait, ce
qu'on recommande, c'est que chaque année on devrait revoir notre budget.
C'est simple, parce que tu sais, quand tu refais ton budget, tu
regardes tes dépenses naturellement, puis tu regardes tes dépenses
obligatoires que j'appelle nécessaires.
Mais surtout, tu regardes tes dépenses discrétionnaires. Tu sais,
dans les dépenses nécessaires obligatoires, tu sais, on n'a pas le
choix, faut qu'on mange, faut qu'on ait un toit sur la tête, faut
qu'on paie nos taxes, qu'on aime ça ou pas.
Ça, on ne peut pas baisser ça. Par contre quand on regarde du côté
discrétionnaire optionnel, tu sais, nos dépenses de restaurants, de
cinéma, les cadeaux qu'on achète à divers événements, peut-être même
la 2e voiture... Ben ça c'est des dépenses qu’on peut considérer
éliminer, on n’aime pas ça, on ne fait pas ça de gaieté de cœur, on
n'a pas de plaisir à faire ça.
Par contre, c'est important de le faire pour être capable justement
de rencontrer nos dépenses obligatoires. Donc en refaisant le budget
déjà et en planifiant une hausse qui peut aller de 400, 500, 600 $ par
mois de nos versements hypothécaires, qui va nous nous frapper à plus
ou moins court terme, ben là déjà oui, on va avoir le choc pareil là,
mais on va déjà être habitué à faire nos dépenses ou à faire nos
choses en fonction de ce versement-là qu'on va avoir prévu.
Donc prévoyons, soyons prévenants. Puis comme ça, le choc va
s'absorber beaucoup plus facilement le moment venu.
Merci Andrée, pour tes judicieux conseils.
Plaisir.
Suivant ce qu'on vient de voir aujourd'hui, j'encourage vraiment
tous les propriétaires qui auront à vivre un renouvellement
hypothécaire dans les prochaines années à investir un peu de temps,
dès maintenant, pour faire votre budget, pour évaluer justement
l'impact des hausses de paiement sur vos finances personnelles. Et
comme Andrée nous l'enseignait, de prendre des actions aussi dès
maintenant pour s'assurer que ça se passe beaucoup mieux lors du
renouvellement. Je suis convaincu qu'en faisant cet exercice-là, on va
s'éviter beaucoup de stress et surtout beaucoup de soucis lors du
renouvellement hypothécaire.
Encore une fois, merci Andrée.
De rien.
Merci Matthieu de votre présence aujourd'hui avec nous et à vous
tous, je vous dis à très bientôt pour une prochaine capsule
Perspective Immobilière.